Âge d’or ne rime pas nécessairement avec confort pour de nombreux aînés qui doivent se tourner vers une banque alimentaire pour se nourrir. En 2018-2019, 17 % des utilisateurs des dépannages alimentaires de L’Actuel avaient plus de 60 ans.
Stéphanie Aubert, intervenante aux dépannages pendant plus de 10 ans et maintenant chef des services aux individus par intérim à L’Actuel, n’a pas été surprise d’entendre l’histoire de Danielle à l’émission Fin de mois diffusée sur les ondes de Moi et compagnie, le 18 juin dernier. Des histoires comme celle de cette femme de 72 ans, seule et malade utilisant les services d’un comptoir d’aide alimentaire pour se nourrir, elle en a entendues plusieurs.
« C’est toujours triste quand un citoyen doit se tourner vers nos services de dépannage alimentaire. La pauvreté n’épargne personne, même nos aînés qui méritent un peu de quiétude. La maladie, la perte d’un emploi et la retraite sont des situations où les revenus sont diminués et où des citoyens peuvent avoir besoin d’un petit coup de main de notre part », souligne Stéphanie Aubert, invitant les gens à frapper à la porte de L’Actuel sans hésitation s’ils ont besoin d’aide.
Nos aînés seuls
Selon l’Institut de la statistique du Québec, le nombre de personnes à faible revenu est plus élevé chez les personnes âgées de 60 à 64 ans (17 % en 2010), comparé à celles âgées de 25 à 54 ans, et même celles âgées de 55 à 59 ans. De plus, selon les données du Collectif pour un Québec sans pauvreté, une personne sur quatre vivant seule ne réussit pas à subvenir à ses besoins.
« Ces chiffres sont inquiétants lorsqu’on pense que dans Vaudreuil-Soulanges 23 % des aînés de 65 ans et plus vivent seuls. On peut donc penser que de nombreux aînés ne mangent pas à leur faim ou doivent s’endetter pour manger », avance Stéphanie Aubert.
Selon l’Institut de la statistique du Québec (données de 2013), les trois moyens les plus utilisés par les ménages québécois pour suppléer au manque d’argent sont l’aide financière d’amis et de membres de la famille (14 %), suivi par l’endettement ou la vente de biens (12 %), puis loin derrière le recours à un organisme de bienfaisance (5 %).
« Franchir la porte d’un organisme pour demander de l’aide n’est pas facile. Les gens nous disent souvent qu’ils ont attendu longtemps avant de venir parce qu’ils avaient honte. Cela est sans compter ceux qui ignorent notre existence », ajoute Francine Plamondon, directrice générale de L’Actuel.
Se sortir de la pauvreté?
L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a calculé que le revenu viable, c’est-à-dire le seuil à partir duquel il est possible de considérer qu’une personne sort de la pauvreté, est de 27 205$ pour une personne seule vivant à Montréal en 2019. La mesure du panier de consommation (MPC) pour 2019 se situerait approximativement à 18 000 $ pour une personne seule, soit le montant pour subvenir aux besoins de base comme se loger, se vêtir et se nourrir. Les personnes âgées qui ont seulement comme revenu les montants des programmes publiques reçoivent environ 18 000 $ à 21 000$ par année. Si elles peuvent difficilement subvenir à leurs besoins, elles sont loin de pouvoir se sortir de la pauvreté.
« Venez nous voir si vous rencontrez des difficultés. Nous pouvons vous offrir du dépannage alimentaire, mais aussi d’autres services comme les cuisines collectives et des dépannages vestimentaires. Nous pourrons aussi vous aider à trouver d’autres services sur le territoire pour améliorer votre qualité de vie », conclut la directrice générale.